Oiseaux-balades

Ce matin, un petit sourire de satisfaction inonde mon visage quand le monde s’ouvre à moi simultanément à celui des volets de la maison.

Pas l’ombre de la queue d’un nuage à l’horizon et Zéphir sur les coteaux d’Argenteuil semble au repos pour la matinée.

Seul détail négatif, celui concernant la température extérieure avec -2°C au thermomètre et une bonne couche de givre sur le parebrise de la voiture.

Tout est tout de même pour le mieux dans le meilleur des mondes, et malgré l’absence d’amis habitués de longue date, il y aura de nouveaux participants à la balade ornitho mensuelle.

Au-dessus du viaduc de Gennevilliers, des dizaines de laridés, ainsi que quelques cormorans, des grands, quittent les dortoirs pour se rendre sur les lieux de nourrissage.

Quelques corvidés et colombidés inféodés à l’humain sont également aperçus de long en long et puis il y a ce vilain panneau lumineux au-dessus de la A86 indiquant un accident routier.

C’est en arrivant à proximité de « ma » sortie que je viens me coincer dans un embouteillage compact de véhicules.

Immédiatement, je consulte la montre du tableau de bord, car je n’ai aucun moyen d’interagir sur la situation et nous sommes complètement à l’arrêt.

L’accident n’est pas visible de ma position, signifiant un ralentissement risquant d'être assez long à mon grand dam.

Les sirènes tonitruantes de deux camions à plateaux s’annoncent dans le tunnel et je les vois passer sur la B-A-U à vive allure.

À vrai dire, au terme d’un quart d’heure bien tassé, la circulation reprend timidement, puis une fois passé le lieu du sinistre, la voie est totalement libérée.

Il ne me faut que quelques instants pour arriver à Thiais, et ainsi pouvoir être à l’heure à mon engagement mensuel, même s’il est bénévole, c’est un détail qui me tient à cœur.

Premier détail qui me chagrine en arrivant, avant même d’entrer sur site, ce sont les engins de chantier nécessaires à l’installation de la nouvelle ligne THT qui alimentera en courant l’aéroport Charles de Gaulle, tout proche.

Même si je suis informé du projet depuis l’année passée, la crainte du dérangement de certaines espèces sensibles me pince le cœur.

Je chasse rapidement ces pensées quand le technicien de faction à l’entrée vient me présenter ses respects avec courtoisie en m’autorisant l’accès à la nécropole géante.

Il m’informe de la présence de plusieurs personnes m’attendant pour effectuer le périple matinal avec une météo favorable.

L’instant d’après, je range le C4 derrière la voiture de Sabine et de son mari en faisant un geste pour en direction de Damien afin de l’inviter à nous rejoindre.   

Nous en sommes encore aux présentations quand Sandrine arrive d'un bon pas, tranquillement pour compléter notre petit groupe.

Les prises de renseignements comblent quelques minutes, ce qui donne à Daniel le temps de finir de se préparer et de nous informer de la présence de plusieurs passereaux derrière la maison de Franck.

Dans le flux de la conversation, le chant du Pinson des arbres est clairement entendu et il sera aperçu voletant du sommet d’un peuplier à un autre.

Des Corneilles noires sont observées à plusieurs reprises, sans être légion, l’espèce reste omniprésente sur le cimetière géant.

En passant devant le grand préau, il est constaté l’absence totale de sansonnet alors qu’un Rougegorge familier se fait entendre dans notre dos en direction du bâtiment de la conservation.

Commençant la balade, sur d’autres grands arbres filiformes à notre droite, des Mésanges bleues sont aperçues, les mâles chantant assez fort pour que ce soit audible de notre position.

Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus

Un autre rougegorge est aperçu brièvement, se cachant à l’abri des premiers buissons d’ornement, et Damien se distingue en signalant la présence du premier Merle noir que nous voyons ce matin.

L’oiseau au plumage couleur de suie est plutôt ardu à localiser dans l'ombre du buisson en ce qui me concerne et ce ne sera chose faite qu’au moment de son envol.

Le premier Carré Militaire ne donne rien, mais l’intérêt se porte sur une ancienne loge de picidés qui sera certainement investie par une autre espèce cavicole pour la période de reproduction qui s’annonce.

Cela nous engage dans une discussion sur la présence des fameuses Perruches à collier qui font justement un passage à ce moment-là et l'une d'elles se posant à proximité.

Perruches à collier (Psittacula krameri)

Selon moi, il est évident que ces oiseaux originaires de la zone indo-africaine ont été initialement importés artificiellement par la main de l’homme.

Il me semble en revanche qu’elles ne constituent pas une menace actuellement pour le monde aviaire ou autre.

Elles se sont acclimatées, sont donc devenues férales et se sont trouvées une niche écologique qui n’était occupée par aucune autre espèce d’oiseau et pour cause.

Nous lâchons l’affaire pour nous concentrer sur le rire sarcastique du Pic vert, et Damien, les réflexes au taquet en plus d’un œil aguerri, nous assure bon nombre de localisations.

Sur un ton aussi sarcastique que celle du pic couleur sinople, une voix laisse entendre, « Je suis jeune, moi », ce qui déclenche un rire collégial pour cette note d’humour.

Là-dessus, une prise de vue pour mémoire est faite de l’individu au sol qui semble dépité par le givre recouvrant le sol et le rendant plus dur que d’accoutumé.

Pic vert (Picus viridis)

Nous laissons le jardinet extérieur où seule une Pie bavarde a été aperçue et contactons à l’oreille le cri de contact du Verdier d’Europe un peu avant de le localiser à notre verticale.

Une draine est entendue, mais c’est le vol ondulant d’un oiseau passant au-dessus de nous qui interpelle encore Damien.

Par chance, il se pose à peu de distance et même avec la mauvaise lumière, un petit picidé bariolé est reconnu pour un pic, un épeiche dans un premier temps.

Reste que la taille estimée et la calotte rouge contredit l’espèce et trompé par le contrejour, j’annonce un autre oiseau de la famille, un épeichette, mais je continue à douter de l’affaire.

De nouveau, des photos sont prises avec plus ou moins de qualité, néanmoins Daniel m’enverra plus tard une des siennes en émettant lui aussi un doute.

Pic mar (Dendrocoptes medius)

Il aura assurément raison, car l’oiseau présent sur la branche n’est autre qu’un Pic mar, mais nous finirons la balade sur la seconde affirmation.

Décidément, Damien est très performant, il nous informe de la présence d’Orite à longue queue, en ajoutant un détail que je devais avoir omis depuis des lustres.

En effet, il nous rappelle avec justesse le fait que cette fausse mésange n’a pas changé de nom, mais a tout simplement retrouvé son ancien d’après l’un des très vieux ouvrages en sa possession.

Un premier Geai des chênes est aperçu au sol, il est venu contrôler un objet de couleur rouge trainant sur le bas-côté de la route.

Geai des chênes (Garrulus glandarius)

Là aussi, c’est une espèce que nous retrouverons à plusieurs reprises dans la matinée sur plusieurs secteurs de notre parcours.

La réflexion sera à creuser plus tard, pour l’heure, nous avançons en laissant le second carré militaire qui ne nous offre rien en matière d’observation ornitho.

Toutefois, de long en long, nous avons la chance d’observer plusieurs Écureuils roux en quête de nourriture ou jouant simplement à se poursuivre les uns les autres.

Écureuil roux (Sciurus vulgaris)

Un peu plus loin, traditionnellement, dans l’allée de l’Est, le Pigeon colombin est contacté quasiment à chaque sortie mensuelle, surtout depuis la campagne d’installation des nichoirs à hulotte.

Le critère de la couleur de l’œil est traité avec humour et constitue un bon moyen mémo technique, puis nous passons à autre chose avec le chant parfaitement reconnaissable d’une Grive musicienne.

Nous continuons à avancer, car la friche est encore loin, puis, à un moment, entre les chants des Mésanges charbonnières assez vivaces et celui des Grimpereaux des jardins, insaisissables par le mimétisme de leur plumage, un mouvement est perçu dans un conifère d’ornement.

Sabine qui n’est pas en reste nous offre sur un plateau la localisation de plusieurs Roitelets huppés, pas spécialement furtifs, mais assez vivaces.

Roitelets huppés (Regulus regulus)

Une draine arrive au vol et fait demi-tour, mais elle est aisément reconnue avec l’écoute de son chant caractéristique.

Pour notre contact avec la zone de la friche, cela se fait une fois n’est pas coutume, par l’avenue O, celle la plus au nord-est du site.

Sur cette petite portion de chaussée dont chaque extrémité à la circulation routière y est condamnée et où un nombre important de volatiles semble se mouvoir.

En effet, le sol est recouvert des feuilles d’arbres, tombées lors des automnes précédents et formant un vrai tapis épais où Étourneaux sansonnets et Grives mauvis viennent chercher de la nourriture.

Grives mauvis (Turdus iliacus)

Il y a également un regroupement de pinsons, mais aucun ne parait être ressortissant du nord pour ce que nous avons eu la chance d’observer avant un gros mouvement d’envol général.

Le chant des Chardonnerets élégants nous parvient faiblement, mais ce qui me fait le plus plaisir, c'est que Sandrine et Damien les entendent aussi.

Cette fois-ci, et c’est une certitude, le cri de contact du Pic épeiche est perçu distinctement à l’oreille par tous.

Alors que nous, nous dirigeons en direction du portail vert, l’attention est attirée par un mouvement lié au vol et aux cris frénétiques de corneilles. 

Encore une fois, les corvidés acariâtres s’en prennent à une Buse variable en hivernage.

Nous tentons de suivre l’évènement du regard, mais le rapace trouve le salut dans la fuite, suivi par plusieurs oiseaux couleur de Jais.

L’instant d’après, un puis deux oiseaux de proies sont contactés à la vue, situés à plus de 70 mètres, nous captons leurs cris de contacts sans souci.

Faucons crécerelle (Falco tinnunculus)

Reste que la belle surprise vient du fait qu’un second couple de Faucons crécerelle est également présent dans ce mouchoir de poche au même moment au même endroit.

Dans ce coin de la nécropole, il y a un dépôt de végétaux encadré, nous y regardons pour le cas où un hochequeue ne s’y trouverait pas, mais nous faisons choux blancs à cet endroit.

Levant les yeux au ciel, une forme, puis plusieurs autres sont détectées, des Goélands argentés allant tous dans la même direction, et puis un autre groupe en volant en formation en V.

Goélands argentés (Larus argentatus)

Nous avançons vers l’ALGECO pour le contourner par la gauche, et hormis quelques Pigeons ramiers dans les airs, puis plus bas des Merles, fusants d'un buisson pour se réfugier dans un autre.

Nous passons sous le nid de frelons asiatiques qui conserve une large partie de sa structure comme le mois passé.

La remontée vers la sortie se fait tranquillement avec un nouveau contact du rougegorge vu et revu ce matin tout au long de nos pérégrinations.

Puis surtout un curieux Troglodyte mignon, encore un, mais celui-ci pénétrant dans une bouche d’égout nous autorise aux spéculations les plus folles sur son comportement.

Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)

Comme à l’accoutumée, à proximité d’un carré asiatique, des Pigeons bisets, en veux-tu, en voilà et des nichoirs à mésanges, comportant un trou d’envol au diamètre surdimensionné.

Une nouvelle Grive draine nous fait l’honneur de se percher dans un endroit assez dégagé, puis nous fait ensuite tourner en bourrique en reprenant plusieurs fois de la distance avec nous.

Si les sansonnets n’ont pas encore commencé la prospection des cavités, les Perruches quant à elles, ne semblent pas perdre leur temps dans leur installation pour la future ponte.

Pinson des arbres (Fringilla coelebs)

Pour finir, en passant derrière la maison de Franc, un couple de pinsons sera aperçu fouillant les feuilles au sol pour trouver un truc à se mettre sous le bec.

Enfin, au pied du bâtiment de la conserverie, c’est un grimpereau qui nous amusera par son comportement sur le muret et au sol.

Un peu avant le log, une Mouette rieuse viendra par son cri, clôturer notre superbe liste d’observation de cette belle matinée.

Nous sommes sur le point de nous quitter, et je remercie vraiment tous les participants qui ont tenu la ligne jusqu’au bout avec la promesse de se revoir si l’occasion se présente.

Avec Sabine et Daniel, nous finirons chez l’américain d’en face, pour refaire la balade et échanger nos opinions respectives sur la matinée.

1) Pinson des arbres (Fringilla coelebs)

2) Corneilles noires (Corvus corone)

3) Rougegorge familier (Erithacus rubecula)

4) Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus

5) Merle noir (Turdus merula)

6) Perruches à collier (Psittacula krameri)

7) Pie bavarde (Pica pica)

8) Verdier d’Europe (Chloris chloris)

9) Pic vert (Picus viridis)

10) Pic mar (Dendrocoptes medius)

11) Orite à longue queue

12) Pigeon colombin (Columba oenas)

13) Grive musicienne (Turdus

14) Geai des chênes (Garrulus glandarius)

15) Mésanges charbonnières (Parus major)

16) Grimpereaux des jardins (Certhia brachydactyla)

17) Roitelets huppés (Regulus regulus)

18) Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris)

19) Grives mauvis (Turdus iliacus)

20) Chardonnerets élégants (Carduelis carduelis)

21) Pic épeiche (Dendrocopos major)

22) Buse variable (Buteo buteo)

23) Faucons crécerelle (Falco tinnunculus)

24) Goélands argentés (Larus argentatus)

25) Pigeons ramiers (Columba palumbus)

26) Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)

27) Pigeons bisets (Columba livia)

28) Grive draine (Turdus viscivorus)

29) Mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus)

A) Écureuil roux (Sciurus vulgaris)