Oiseaux-balades

C’est fait, le pas est pris, celui de se lever largement avant l’aurore afin de partir pour une future journée de miroise en statique de l’intérieur d’un observatoire.
                  
Chacun se prépare et le froid est réellement piquant, lorsque nous mettons le nez dehors, même bien couvert, le ressenti est bien là.
                  
Pour ma part, j’ai avalé plusieurs tasses de café issues de la machine que j’ai fini par maitriser, ainsi que la viennoiserie collante à souhait fournie avec notre piquenique.
                  
Cette fois-ci, l’observatoire est plus éloigné, donc, il ne faut pas trainer en route et toujours coincé derrière le chauffeur pour ce déplacement qui ne dure pas réellement longtemps.
                  
À ma place, je ne risque pas de bouger quand nous progressons sur le chemin de terre abimé par des ornières.
                  
Plus loin, le chemin n'est plus praticable pour un véhicule VL et je manquerai de m’étaler plus tard en glissant dans l’une d’elles en continuant dans le noir à pied.
                  
Enfin, on arrive et un peu avant de pénétrer dans notre lieu de miroise pour la journée, une Chouette hulotte est entendue, puis une autre encore plus proche lui répondant.
                  
Il me prend à espérer la présence de cette reine de la nuit pour venir à l’abreuvoir ou sur l’une des carcasses afin de se nourrir, mais peine perdue, ce ne sera pas le cas.
                  
L’installation dans une petite bâtisse en forme de L se fait assez rapidement en silence, dans la pénombre. 
                  
Encore une fois, nous trouvons nos marques assez facilement à quatre, dans un observatoire de sept à huit places.
                  
Nous voyons au travers des vitres sans teint, Marek installer à la lueur de sa lampe frontale, des appâts et dépôts de nourriture afin de solliciter la faune à venir au plus proche.
                  
L’aube se levant à l’est, nous ne trouvons rien de nouveau là-dessus, reste que nous découvrons un bassin artificiel pratiquement au niveau des fenestrons qui semble presque naturel.
                  
Dans l’autre axe de la construction, c’est un décor totalement différent, une espèce de plaine cernée par des arbres avec quelques branches éparses au sol.
                  
De son côté, Marek, ayant fini ses préparatifs, vient prendre congé pour la journée en nous souhaitant bonne chance pour nos observations et prises de vues.
                  
Une fois le bruit du moteur de sa voiture devenu inaudible par son éloignement, et alors que la lumière n’est que peu perceptible, les premiers passereaux arrivent pour se nourrir.
                  
Les immanquables Mésanges charbonnières, également les Sittelles torchepot pour deux sous-espèces distinctes et bien sûr, des Mésanges nonnettes souvent.
                  
Quelques essais en matière de photos ne donneront rien pour moi comme pour mes comparses, et nous devrons prendre mon mal en patience déjà, rien que pour la lumière.

                       
Premier essais  photo sur une Mésange noire (Periparus ater)

                  
À un moment, Grégory nous informe qu’une femelle d’autour des Palombes vient de se poser d’abord sur une branche puis au sol, mais repart instantanément.
                  
Pour le moins, le superbe  et puissant rapace est bien présent sur site, l’espoir est donc vraiment permis pour une belle observation, voire plus, de cette espèce d’oiseau de proie.
                  
Les passereaux se déplacent à une vitesse effarante, le plus souvent, il me faut attendre qu’ils se posent pour tenter de les pixeliser.
                  
De long en long, des Gros bec casse-noyaux viennent s’abreuver et l’ensemble des passereaux virevoltent pour accéder aux mangeoires artificielles habilement dissimulées.

                                     
Gros-bec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes)

                  
Extrêmement commun par chez nous, il n’en reste pas moins que l’observation à cinq mètres d’un Pic épeiche reste quelque chose de magique pour moi.
                  
Aux cris de contacts que nous entendons à l’extérieur, le fait est acquis qu’il y a, au moins, deux autours proches de notre cache.

                          
Pic épeiche (Dendrocopos major)

                  
D’ailleurs, l’un d’eux fait un passage avec un virage sur l’aile, face à nous, pour tenter de capturer un Geai des chênes ce qui éparpille tous les petits oiseaux présents.
                  
Il faudra un bon moment pour les voir revenir les uns après les autres aux abords du plan d’eau, notamment les Mésanges bleues, qui reviennent à plusieurs simultanément.
                  
Un Pic mar se met en tête de consommer un morceau de lard mis en place par notre hôte et qui est destiné à attirer un mustélidé à portée de nos APN.

                                    
Pic mar (Dendrocoptes medius)

                  
Pour notre dommage, nous ne verrons pas le bout de la queue d’une martre de tout le séjour, pas plus que des canidés sauvages en errance.
                  
Le temps passe tranquillement avec le plaisir de détailler les Mésanges nonnettes, afin de s’assurer que l’une de leurs cousines boréales ne viendrait pas à la mangeoire, ce qui est plus aisé avec la Mésange huppée.

                  
Puis, pour changer de taille d’oiseaux, l’intérêt se porte à nouveau sur le mar et l’épeiche, et l’apparition d’un Pic cendré ravive immédiatement le plaisir de la photo pour certains.
                  
L’autour, le rapace pour lequel j’ai opté pour ce séjour vient se poser sur des restes de carcasses et y arrache des lambeaux de chair à chaque fois durant un bon moment pour notre chance.

                    
Autour des palombes (Astur gentilis)

                  
Nous prenons la collation de demi-journée sur place, avec des paniers individuels copieux et satisfaisants pour chacun.
                  
Malgré le plafond assez bas qui nous oblige à courber l’échine à chaque déplacement, le confort est complet, y compris des toilettes sèches aménagées dans un genre de sas.
                  
Pour les autres membres de l’avifaune, la présence d’une Mésange noire ne perturbe pas le moins du monde et permet de constater que les espèces se supportent facilement.

                                    
Buse variable (Buteo buteo)

                                   
Une Buse variable qui est restée la journée à peu de distance est rejointe par une seconde et nous offre des instants à la scruter à travers la végétation.
                  
Toutes les espèces déjà observées sont revues en quasi-permanence jusqu’à la tombée de la nuit, à l’exception du pic cendré.
                  
Ce sera encore une des buses qui viendra en dernier dans un début de pénombre se poser au sol pour profiter d’une carcasse avant la nuit noire.
                                    
Le bruit du moteur de la voiture de Marek se fait entendre, signalant ainsi la fin de la journée de miroise.

                                    
Reste que le son du moteur se fait plus proche, plus fort, en fait, c'est une autre personne qui vient avec un 4x4 nous chercher au plus près.
                  
Le repas du soir est encore une fois succulent et c’est peu de le dire j’aurai même droit à une seconde assiette de soupe.
                  
Rendez-vous est pris pour le lendemain, une heure plus tard que les jours précédents, car l’observatoire est situé au fond du jardin de Marek.
                  
Après avoir mis à l’abri la carte mémoire des photos de la journée, signifiant pour moi une coche de l’autour, je sombre dans les bras de Morphée pour la nuit.