Oiseaux-balades

Oiseaux-balades

Sur la piste du plongeon à bec blanc*

                    

Je me suis couché vers une heure du matin et là à peine trois heures plus tard, je finalise l'impression des photos de plongeon que nous serions susceptibles d'observer sur le Lac du Der.

                        

En effet, il y a quelque temps sur Coche.fr, un corifien annonce qu'il serait partant pour la balade.

                 

Après une attente sans réponse apparente, je le contacte par téléphone et lui propose de faire la balade ensemble au der.

                      
Là-dessus, il me demande si je serai d'accord d'emmener Frederick Malher avec nous, bien sûr j'accepte.

                        

Une autre pointure de l'Île-de-France en ornithologie et de ce fait, pouvoir bénéficier gratuitement de conseils ou même d'anecdotes est un réel plaisir vu de ma fenêtre.

                         
Je charge la voiture et direction Fontenay-sous-Bois, lieu du rendez-vous.

                           

Le chemin se passe bien et j'arrive pile à l'heure, soit à sept heures, je trouve une place pour me garer et j'attends mes collatéraux pour le départ.

                       

Ne voyant personne, je décide de faire le tour de la place et bien m'en prend, je reconnais de suite Frederick.

                             

Après les civilités d'usages, direction la voiture en laissant deux ou trois Merles noirs (Turdus merula) se quereller et l'on ajoute les affaires de mes deux acolytes dans le coffre.

                      

Mais, au moment de fermer celui-ci, une sangle de sac bloque la serrure du haillon.

                  

Malgré notre insistance, rien à faire et comme la voiture et encore sous garantie, pas question de bricoler au risque de laisser des marques sur la serrure.

                           
À ce moment-là Christophe, le quatrième larron de la balade arrive et toujours rien à faire avec le point de fermeture et sur les voitures modernes.

                    

Il y a une alarme sonore pour n'importe quel souci, le C4 Picasso n'échappe pas à la règle quant à une portière ouverte en mode roulage.

                                                    
L'agacement me gagne surtout que dans une dernière tentative, le haillon vient me percuter vigoureusement le dessus de la tête.

                    

À cela, ajouté au fait que je ne me vois pas faire 250 km en entendant la voiture couiner je décide d'annuler la balade tout simplement.

                                 
La mine dépitée de mes trois ex-passagers, en dit long sur leur état d'esprit à ce moment-là.

                      

Malgré tout avec une politesse toute retenue, ils me saluent et repartent comme ils sont venus, mais visiblement fort désappointés !

                       
Pestant dans mon coin sur les technologies nouvelles et mon manque de capacité à résoudre un problème aussi simple, puis une fois le GPS réglé sur la maison, je retourne chez moi et sans y faire attention.

             
Je démarre et au bout de quelques mètres, j'entends la condamnation automatique se bloquer, un second bruit inhabituel m'autorise à couper le contact en me garant rapidement.

                       
Puis, je teste l'ouverture du coffre, tout a l'air de bien fonctionner, les affaires reprennent !

                       
Mais, où sont passés mes trois futurs passagers ?

                        
Un, puis deux tours du rond-point, je finis par me diriger vers la gare routière et ils sont là, à se demander ce qu'ils vont faire de leur journée.

                      
Je les rejoins et leur explique la situation, l'instant d'après, nous sommes tous dans la voiture et direction la Champagne-Ardenne le GPS plutôt capricieux, surprend plusieurs d'entre nous, mais nous finissons par arriver à notre destination.

                              

PABB.png                   

Donc, un départ et un trajet un peu olé, olé comme le qualifierait une personne de mes connaissances !

                         
Sur le parking de la base nautique du Bassin Nord, une seule voiture, donc peu d'ornithologues apparemment.

                  

C'est à peine si j'accorde de l'importance à un trio de Moineaux domestiques (Passer domesticus) qui s'envole.

                 

En effet un vent humide et constant nous oblige à trouver refuge auprès du petit bâtiment qui se trouve là et cela nous donne une vue dégagée sur ledit bassin avec la digue en enfilade.

                        
De long en long, cette partie du lac est mouchetée par la pointe des petites vagues qui constellent la surface.

                         

Mais, bon, je suis arrivé jusque-là, alors autant prospecter et pour les trois personnes que j'ai transportées, j'aimerais bien tout de même que l'on trouve l'hôte venu de contrées lointaines.

                      
Un couple d'ornithologues vient dans notre direction à l'autre bout de la digue.

 

Quand ils seront près de nous, nous verrons bien, qu'ils sont bien peu motivés tant par le manque d'oiseaux à contacter que par la météo peu clémente à plusieurs égards.                      

                        

Mais, le fait de voir d'autres passionnés dans leur domaine leur arrache un sourire d'encouragement.

                      
Décidant tout de même d'aller me positionner sur la digue, le plus jeune d'entre nous m'emboîte le pas les deux autres restant à l'abri, qui leur coupe déjà une bonne partie du vent.

                        
Du fait de l'agitation sur la surface de l'eau, chaque Grèbe huppée (Podiceps cristatus), soulève un espoir qui retombe rapidement.

               

Une fine, mais insidieuse bruine perturbe rapidement la séance d'observation, au loin plusieurs Cygnes tuberculés (Cygnus olor).

                    

Ce sera d'ailleurs la seule espèce de ce genre d'anatidé que nous verrons aujourd'hui et pas l'ombre de la queue d'un plongeon quelle que soit l'espèce.

                    
Il y a aussi des Fuligules milouin (Aythya ferina), toutefois en bien moins grande quantité qu'avant la tempête de la semaine passée.

                    

Des Foulques macroules (Fulica atra) regroupés quelques Goélands argentés (Larus argentatus) et bien sûr également des Mouettes rieuses(Chroicocephalus ridibundus).

                      
Le vent souffle de façon plus conséquente et la pluie brouille nos oculaires en contrebas de la digue, des Grands cormorans (Phalacrocorax carbo) pêchent en isolés bien qu'assez proches les uns des autres.

                        
Je garderai en mémoire la phrase de l'un de mes comparses, devenue célèbre depuis "Une coche en hiver au Lac du Der, cela se mérite".

                               
Si "les huppées" sont légion ici, avec Christophe, nous ne verrons que deux Grèbes esclavons (Podiceps auritus).

                    

Mais, il y en peut être d'autres et alors que je me décide d'aller arpenter sur la digue de protection du port, un puis deux Pipits spioncelle (Anthus spinoletta) nous survole confirmé, par Christophe.

                 

L'un d'eux sera retrouvé un peu plus tard, puis plusieurs groupes d'Oies cendrées (Anser anser) passent également au-dessus de nous.

                       
Ici, le vent est un peu plus fort encore, Christophe repère un groupe d'oie au sol et me déclare qu'il n'y a pas que des cendrées.

                  

Un amateur de photos passe rapidement devant nous et fait envoler la plupart des oiseaux.

                       
Un type barbu me lance que c'est inévitable et qu'il faut faire avec et c'est la logique frappée au coin du bon sens.

                    

Bon, même si j'aime bien faire des photos, ce n'est pas le genre de truc que je ferais volontairement.

                      
Le vent est toujours présent quoique moins puissant sur cette partie de l'aménagement portuaire et avec Christophe, nous imitons le "barbu" qui m'a apostrophé tout à l'heure.

                       

Je fais des efforts incroyables de mémoire pour mettre un nom sur ce visage qui me semble familier sans y parvenir.

                              

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Encore des tuberculés, les Harles bièvres (Mergus merganser) sont bien représentés souvent vu au vol.

 

Soudain une jeune femme arrivée après nous, nous interpelle je demande à Christophe s'il a compris ce qu'elle disait.

                   

Le barbu à ses côtés, vient nous voir pour nous dire qu'il a localisé le Plongeon à bec blanc (Gavia adamsii) et il se présente dans la foulée.

                   
Comment ai-je pu l'oublier ? Jean Chevallier en personne, excusez du peu et il me met le bec blanc dans la lunette.

               

Il nous indique également dans le même secteur sur une langue de terre la présence d'un Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla).

                        

IMG_3660.JPG

                         

Reste que si je reconnais le premier oiseau, l'un comme l'autre, sont tous deux à une distance appréciable et si je ne connaissais pas la présence du PABB, je ne l'aurai pas coché à ce moment-là.

                       

Le grand rapace encore moins, mais pour ce dernier, le vent offrant une accalmie, il se décale un peu et présente une silhouette massive caractéristique de l'espèce.

                               
Quelques grues de-ci de-là, une troupe moyenne d'Oies rieuses (Anser albifrons) loin, toutefois parfaitement identifiables, le plongeon quant à lui, cause de notre venu reste cantonné au loin, trop loin.

                              

Un Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) au vol qui va se poser sur l'eau très loin, mais nous aurons la chance d'en voir deux autres dans l'après-midi.

                                   

Transi de froid et la goutte au nez, l'un de nous, émet l'idée géniale d'aller prendre une boisson chaude, acceptée par tous.

                   

Le froid, le vend la pluie, l'éloignement du but de notre recherche, font ressortir mon caractère bourru quant à s'installer dans le C4 Picasso les chaussures pleines de terre et le manteau mouillé.

                            
Ne faisons pas aux autres ce que l'on ne voudrait surtout pas chez soi, simple question de politesse, ma voiture n'est pas une charrette de campagne.

                        
Donc, un café ou un chocolat chaud salutaire à Arrigny et une mise au sec d'une demi-heure histoire de détendre l'atmosphère.

                      

Bien sûr, nous retournons sur site, reste une voiture sur le parking immatriculée en Loraine.

Les passagers viennent à notre rencontre pour nous informer de la présence du PABB puis nous reconnaissent presque aussitôt pour nous avoir vus un plus tôt dans la matinée.

               

D'un pas décidé, nous nous rendons sur le même spot occupé durant deux heures, une séance de miroise effrénée reprend et découverte de notre cible.

                    

 Mais, s'il y a bien un oiseau du genre, le manteau foncé, trop foncé et même si le front est anguleux, le diagnostic penche pour un Plongeon imbrin (Gavia immer).

                               

IMG_3662.JPG                 

Plusieurs Bergeronnettes grises (Motacilla alba) se poursuivent et glanent leur nourriture.

 

Les petits passereaux portent bien le surnom de hochequeue à les voir s'agiter en permanence.

                    
Le pygargue a, lui aussi, disparu, les observateurs arrivent de nouveau les uns après les autres et soudain le bec blanc, de l'oiseau de notre convoitise est bien visible, car nous ne le pensions pas si-près.

                       

Il est encore à bonne distance, mais cette fois-ci, il est parfaitement identifiable, aucun doute possible, il longe une petite île et tous les espoirs sont permis pour qu'il se rapproche un peu plus pour le plaisir de chacun.

              

L1080300 bec blanc.jpg                 

La jeune lorraine nous offre l'observation d'un premier Faucon pèlerin (Falco peregrinus) puis la seconde suivante d'un autre sur une souche en arrière-plan du plongeon.

                 

 

Bien trop loin pour être pixelisé, mais la séance d'ornithologie reste magique.

 

                                
Un Goéland brun (Larus fuscus) est aperçu sur un îlot, alors qu'un Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) dans sa position de saint esprit qui le caractérise.

                          

Le rapace nous présente un beau spectacle de prospection en phase de chasse à quelques distances malgré l'affluence d'humains à proximité de son aire de prédation.

        
Le plongeon repartant au loin, les ventres commençant à crier famine, nous décidons d'aller nous mettre à l'abri dans l'observatoire du lac.

                 

Il est quasiment vide de visiteur au moment où nous arrivons.

                    

En contrebas, pas mal de Sarcelles d'hiver (Anas crecca), les inévitables Canards colverts (Anas platyrhynchos).

                  

Encore des harles, encore bièvres, des milouins, des Grandes aigrettes (Ardea alba) et des Hérons cendrés (Ardea cinerea).

                   

L1080331 anatidés.jpg                   

Dans les pattes des premières, Christophe découvre des Chevaliers arlequins (Tringa erythropus).

                            

Malgré la distance élevée alors que ma longue-vue est en batterie, j'offre la possibilité à une enfant de regarder dans l'oculaire pour voir une Grue cendrée(Grus grus) ce qui semble lui faire plaisir.

                                 
Un jeune homme s'adresse à nous, c'est aussi un passionné de l'agent ailée, nous le conseillons quant à l'orientation pour une longue-vue de moyen de gamme.

                       

Nous l'aidons à la détermination entre l'épervier d'Europe (Accipiter nisus) et l'autour des palombes (Accipiter gentilis) sur une série de photos prises avec son téléphone portable.

                             
Dans un petit intermède, Fabrice nous offre sur un plateau la Buse variable (Buteo buteo).

                         

D'abord perchée ensuite, au sol, alors que non loin de là, une Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) est accrochée sous une branche à la recherche de nourriture invisible de notre point de vue.

                      
Christophe encore lui, trouve quelques Bécasseaux variables (Calidris alpina), puis un autre Courlis cendré (Numenius arquata).

                      

À ce moment-là, un groupe important de Vanneaux huppés (Vanellus vanellus) décolle emmenant tout ce petit monde avec lui.

                      
Notre repas et une nouvelle phase d'observation terminé, nous apportant le Canard souchet (Anas clypeata) sur notre liste de la journée, nous décidons d'aller nous fixer à l'extérieur pour une miroise sous un autre angle après avoir contacté des Canards siffleurs (Anas penelope).

                      
Deux Corneilles noires (Corvus corone) au sol opèrent leur travail de nettoyeur de la nature sur le cadavre d'une oie dont les pattes roses laissent supposer qu'il s'agit d'une cendrée.

                    

L1080327corneille.jpg Alors que nous observons en direction des aigrettes un Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes), fait une apparition plus que furtive un Rougegorge familier (Erithacus rubecula) et un Pic épeiche (Dendrocopos major) nous laisse entendre leur chant.

                        
Au moment où Frederick, Fabrice, Christophe et moi observons la rentrée au dortoir de centaines de grues, en essayant de les compter, Yves Massin apparait et après quelques discussions sympathiques.

                                
Il nous apprend la présence de plusieurs dizaines de Garrots à œil d'or (Bucephala clangula) sur un site proche, les affaires reprennent.

                       

En route, un vol de pinson nous fera faire une pause un peu cavalière sur le bord de la route, mais il n'y a que des Pinsons des Arbres (Fringilla coelebs).

                        
L'endroit des canards plongeurs est facile à trouver et après quelques instants, nous pouvons les observer, ce sont bien de garrots.

                           

Certains en parade et c'est Christophe qui en détermine le plus, proche du nombre évoqué par Yves un peu plus tôt, ils sont accompagnés par des Fuligules morillons (Aythya fuligula).

             

Nous décidons ensemble que c'est le moment du départ, une Mésange à longue queue (Aegithalos caudatus) saute de branche en branches au-dessus de nous, un petit groupe de pinsons toujours "des arbres" se pose devant nous.

                             
Retour vers la voiture pour une balade au nombreux rebondissements du début à la fin et après un retour comme seul les GPS savent inventer, mais avec une circulation des plus tranquilles, je dépose mes trois compères à Fontenay-sous bois avec des promesses de possible revoyure ici ou là au gré de notre passion.

            
Avec environ quarante espèces contactées sauf erreur ou omission de ma part et une coche bien mérité pour mes trois amis, se fût vu de ma fenêtre une bonne balade.



01/01/2014
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